Vend minet rebelle [Libre]

Ce soir là, une autre vie s'apprêtait à commençer tout comme celle d'un mortel s'apprêtait à prendre fin. Le caïnite foulait les ruelles du marché aux escalves avec la ferme intention de goûter à son tour aux joies de son ancienne condition. Il fut pendant longtemps privilégié et profitait sans retenue du rang que lui procurait sa fortune. Traité tel un membre de la famille royale, Mc Gregor évoluait entouré de domestiques qui s'appliquaient à la mise en oeuvre du moindre de ses désirs. Seulement, ce temps fût révolu lorsque survînt cette morsure porteuse d'éternité. De maître inconditionnel il descendit à cette place de traqueur d'esclaves. Cette chute libre dans la hiérarchie était un choix. Détenant une toute autre forme de pouvoir, un changement de situation s'imposait pour étancher sa soif de sadisme et de férocité. Traquer, piéger puis torturer l'esclave devînt plus besoin qu'un réel passe temps. C'était une passion dont il ne pouvait se détacher tout comme le grand musicien ne pouvait se résoudre à vivre sans sa musique.

Aujourd'hui, Blake convoitait de nouveau cette vie qu'il avait depuis fort longtemps laissé derrière lui. Il désirait être en possession d'une distraction sur laquelle il avait l'autorité absolue. Détenir le droit de vie ou de mort était un don semblable à celui que le mortel attribuait au seigneur tout puissant que le caïnite voulait égaler voire surpasser. Mc Gregor était ambitieux...beaucoup trop ambitieux...Il avait maintes fois rêvé d'être le maître incontesté d'un pays entier comme l'étaient ces grands monarques évoqués dans les plus prestigieux livres d'histoire. Seulement, Blake ne siégerait jamais le trône d'Angleterre et à défaut d'avoir l'opportunité d'être proclamé roi, il se proclamerait souverain de son futur pantin. Cet automate vivant serait à la fois son domestique et son bouc émissaire.

Le choix n'était que peu glorieux. La majorité de ces humains en cages dépassaient la trentaine ou s'avéraient quasi à l'agonie. Les seuls esclaves en état n'atteignaient guère la majorité et pour tout dire, Blake recherchait plutôt une demoiselle aux formes généreuses d'une bonne vingtaine d'années. Seulement, ses attentes furent oubliées lorsqu'il apperçut cet adolescent terré dans sa niche métallique qui s'exprimait avec effronterie et témérité. Finalement, un jeune homme en pleine santé pouvait s'avérer très utile pour ses activités. Mieux qu'un simple divertissement cet esclave serait son appât. Un grand enfant en détresse pouvait attirer une belle panoplie d'âmes héroïques qu'il s'empresserait de capturer à l'intention de ses confrères. Du tout en un...

N'étant pas adepte de l'hystérie, Blake s'achemina d'un pas remonté et déterminé vers ce qui pourrait devenir sa future propriété. Il parvînt à sa hauteur sans se faire remarquer en utilisant cette stratégie vielle comme le monde qui consistait à surgir par derrière. Les canines découvertes et les yeux enveloppés d'un effrayant voile noir, Blake se plut à le prendre par surprise en lâchant ce cri sinistre qui caractérisait tant son espèce. Ce masque ébène se dissipa, redonnant au vampire sa délicate apparence humaine. Il siffla celui qui l'avait exposé afin qu'il puisse traiter; un humain collaborateur habillé d'une longue veste synthétique vînt à sa rencontre. Blake lui remis en mains de quoi le satisfaire puis se permis de se faire donneur d'ordres :

-Ouvre la cage et débarasse le de ses chaînes.

-Si je peux me permettre, je ne pense pas que les lui retirer soit une très bonne idée.

-On ne te paye pas pour penser. Détache le sur le champs où je repars avec un mortel gratuit.

-Mais monsieur, comprenez qu'il va tenter de s'échapper...

-S'il lui prenait l'envie de se faire plus malin que moi il n'irait pas bien loin. Ne m'oblige pas à te le demander une nouvelle fois. Tu commençes à me lasser et ça ne présage jamais rien de bon...

- Bien monsieur...

Celui ci s'appliqua à s'éxécuter : l'esclave était dorénavant libre de ses mouvements. Ne désirant pas fouler les pavés aux côtés d'un mortel vêtu d'un simple sous vêtement, Blake s'attacha à y remédier. Le caïnite accordait beaucoup d'importance à son image et ce genre de scènes n'apporterait rien d'honorable à sa réputation.

- Donne lui ta veste.

- Mais je...

Blake lui coupa la parole en se faisant menaçant. Son regard se voila à nouveau d'un sombre brouillard puis fut mis en valeur par la révélation de ses dents aiguisées. L'humain se dévêti donc et lui tendit son long manteau. Le vampire s'en saisit pour le projeter à la figure de son esclave :

- Dépêche toi, je ne tiens pas à m'y attarder plus longtemps.

La réaction de cet impertinent fut si prévisible qu'elle en devînt presque risible. Le voir détaler tel un lapin traqué aussi peu vêtu s'avérait déjà comique en soi mais le savoir perdu d'avance ne faisant que renforçer ce côté grostesque. Le visage du caïnité fut d'ailleurs assiégé d'un sourir railleur l'espace d'un moment fugitif. Ah ces mortels...ils parvenaient à faire preuve de tant d'excentricité que s'en devenait rocambolesque. Heureusement que le ridicule ne tuait pas, il aurait fait une belle brochette de victimes dans le cas contraire : un véritable massacre. Seulement, la situation ne le distraya guère plus de quinze secondes. Sa propriété prenait la poudre d'escampette à vive allure et il ne tarda pas à se retrouver hors de son champs de vision. Le vampire n'était pas d'humeur à s'adonner à une partie de cache cache et ce jeune humain se devrait d'assumer les conséquences de son acte purement puéril. Mc Gregor n'avait pas encore de correction bien définie mais une panoplie de châtiments défilaient d'hors et déjà dans son esprit de tortionnaire. Quoi qu'il en soit, il fallait en premier lieu qu'il lui remette la main dessus, chose qui ne serait peut-être pas aussi aisée qu'il le pensait...

Le vampire étant doté de ce fabuleux pouvoir qu'était la télépathie, retrouver la trace de cet avorton lui paraissait d'une simplicité déconcertante. Il se connecta avec l'esprit de son esclave afin de le localiser. Le jeune homme semblait perdu et l'obscurité des lieux n'arrangeait point les choses, Blake n'en retirait que plus de mal. Il emprunta ce même chemin que son futur hôte venait de fouler tourmenté par un brin de colère qui se faisait de plus en plus intense. Le manteau en main, il tourna une rue plus loin puis parvînt à une intersection. Contrairement à son "animal" en fuite, la caïnite savait où il se dirigeait, ce qui lui permis de se voir offrir un gain de temps confortable. De nouveau, il pénétra l'esprit du jeune homme et put se rendre compte qu'il venait de se confronter à une impasse. Dommage pour lui, la reconquête de la liberté n'était pas programmée en cette fraîche soirée bien animée. Le vampire se hâta de le rejoindre avec l'objectif de le conduire dans ses quartiers sans encombre. Tout en marchant lentement jusqu'à lui, il lui dit d'une froideur cristalline :

- J'ai connu un esclave il y'a fort longtemps. Il avait à peu près ton âge et possédait sensiblement ce même caractère qui risque de t'attirer quelques désagréments. D'une arrogance aussi inacceptable qu'ingérable, il passait de maître en maître et ressortait de leurs quartiers de plus en plus affaibli par les multiples corrections qu'ils lui infligeaient. Seulement, ce jeune homme ne se résolut pas à obéir et fut considéré d'irrécupérable. Il fut décapité sur la place publique à seulement 18 ans. C'est le sort que l'on réserve aux rebelles et je peux faire en sorte de te l'épargner si tu décides de prendre quelques résolutions.

Il s'approcha un tantinet plus près de son esclave puis ajouta :

- Premièrement, tu vas devoir changer de ton. Je ne tolérerais pas ce comportement bien longtemps et il serait fort dommage pour ta petite personne que ma patience atteigne ses limites. Deuxièmement, il serait plus sage de calmer tes hardeurs au risque d'être sujet à l'enchaînement. Je conçois que le poids d'une chaîne métallique peut-être difficile à porter et il serait préférable que tu n'ais pas à l'endurer.

La caïnite lui tendit cette longue veste qu'il lui avait déjà proposé :

- Maintenant, tu es libre de faire le choix qui te paraît le plus judicieux mais sache que quoi qu'il puisse advenir, tu es désormais mien et que j'apprécierais grandement que tu fasses preuve d'un peu de bonne volonté pour nous éviter à tous deux des conflits inutiles. Je n'aime guère perdre mon temps et je suppose qu'il en est de même pour vous autres, simples mortels.

Cet esclave s'appliquait à lui réchauffer le sang, ce qui bien évidemment lui déplaisait fortement. Blake ne pouvait pas se faire plus clair qu'il l'avait été et n'avait rien à ajouter. Si ce jeune homme avisait de lui tenir tête jusqu'à le faire plier, il finirait par descendre plus bas que terre. Le vampire n'avait pas dans l'idée d'en finir dans les plus brefs délais mais ne comptait perdre guère plus de quelques jours à tenter une rééducation bien vaine. Soit cet adolescent en pleine rebellion s'avouait vaincu, soit il pouvait d'hors et déjà lui faire part de ses dernières volontés. Bien sûr le caïnite n'était pas certain de les lui accorder, après tout, il détenait le pouvoir absolu et c'était au gré de ses humeurs changeantes. Il laissa pénétrer son regard perdife dans celui de son esclave avec la ferme intention de changer de tactique suite aux pensées qu'il venait d'intercepter. Tout en soutenant ses deux perles azur, il lui déclara avec une bribe de douceur :

- Penses tu réellement ne rien acquérir en échange de ta docilité ? Tu es si crédule...Ta naïveté te perdras. En m'acceptant je t'offre ma protection. J'ai entendu dire que les temps n'étaient plus très sûrs et qu'il était difficile de fouler les pavés de la ville sans se confrontrer aux incisives des vampires. Libre, je ne te donne pas plus deux nuits, et ce, avec qui que tu puisses être.

Le rapport de force ne priviligerait certainement pas la persuasion, bien au contraire. Un mortel appeuré était un mortel que l'on pouvait facilement manipulé hors tel n'était pas le cas. Plus l'esclave se faisait difficile, plus cette tactique le braquait jusqu'à finir par le mené sur un chemin inaccessible. Blake en était conscient et se fit donc fin stratège. Il offrirait à son esclave le maître qu'il désirait, du moins, en apparences. S'il devait se faire bon et respectueux alors il ferait en sorte de l'être. Mc Gregor ne possédait que peu de qualités mais par chance, celle de se hisser dans le rôle du comédien ne lui avait pas fait défaut. Son regard s'adoucit et au lieu de lui tendre encore ce manteau un tantinet encombrant, cette fois ci, il lui tendit la main :

- Les miennes resteront rangées, à moins bien sûr que tu n'en décides autrement.

Une nouvelle fois, Mc Gregor lui laissait le choix bien que sa patience se faisait de moins en moins soumise. Il le priait de se joindre à lui sans résistance mais ce serait sa dernière invitation. S'il camptait sur ses positions et s'insurgeait à nouveau, le caïnite prendrait les mesures nécessaires au mépris de son esclave. Blake n'était pas non plus de ceux qui se laissaient faire sans répliquer et avait en tête de le lui faire découvrir. Il voulait prôner la rebellion ? Fort bien, mais qu'il en assume les conséquences.

- Je te conseillerais de te décider rapidement, ma patience à ses limites et l'expiration de mon offre ne saurait tarder...

Tic, tac, tic, tac, tic, tac...A quand le "boum" ?

Ce jeune humain avait beaucoup d'audace mais Blake n'était pas de ceux qui récompensaient ce genre d'attitude. Certes, il haissait la faiblesse chez ceux de son espèce mais chez l'esclave, c'était la force de caractère qu'il tentait d'éradiquer. Il n'appréciait guère qu'on lui tienne tête de la sorte excepté si l'acte relevait d'un moment fugitif qu'il pouvait facilement contrer. Cela lui permettait de profiter d'un peu d'assaisonnement ainsi que de lui prouver une énième fois qu'il était détenteur d'un pouvoir absolu et incontesté. C'était un monarque impérieux qu'il ne fallait pas se risquer à tenter d'assiéger. Or, ce jeune homme s'appliquait à lui faire quitter le trône en lui affirmant avec convictions que la tyranie ne l'effrayait guère. Il s'en moquait même ouvertement en provoquant le caïnite avec une bonne dose de dédain. Balivernes ! A la première menace réelle, Blake restait intimement persuadé qu'il détalerait plus vite qu'une gazelle en fuite. Blasphémer contre la mort toute puissante était un acte facile en soit lorsqu'elle paraissait improbable mais se vanter de lui résister une fois venue était un faite dont peu pouvaient profiter.

Le vampire sentit une source de chaleur se saisir de sa nuque, sa nouvelle distraction s'avisait de le confronter à l'extrème tentation qui n'était autre que cette source de vie qui parcourait ses veines. Cet esclave apprendrait au mépris de sa propre santé que le défi maître/opprimé était une denrée rare qu'il se plaisait à relever. Blake était joueur et persuadé d'être doté d'une belle et infaillible âme de vainqueur, pourquoi donc s'opposer à sa demande, aussi stupide soit-elle ? Ressentant les moindres sensations éprouvées par son hôte, il parvînt à mettre à nu ce sentiment de trop plein d'assurance dont celui ci faisait preuve, ce qui n'eu pour effet que de renforçer ce désir de perçer sa chair. Il avait la ferme intention de goûter cette délectable eau de vie ne serait-ce que pour lui prouver ses tords. Ce jeune homme avait tout à craindre de son dominateur et Mc Gregor le lui enseignerait à ses dépends...

Alors qu'il lui enlaçait la nuque tout en le priant de bien vouloir le mordre, le regard du caïnite s'obscurcit d'un étrange voile ébène. Il lui saisit le poignet afin de la lui retirer puis le retint avec force. Il approcha délicatement ses lèvres du cou de sa frêle victime tout en laissant apparaître ses deux armes redoutables avec lesquelles il comptait l'assaillir. Finalement, il l'éffleura du bout des dents puis décida de se retirer sans même lui infliger de quelconques douleurs. S'il lui dévoilait la bête enragée qui someillait en lui comme en chacun de ses congénères, il ne s'attirerait que plus de haine de son jeune révolté et là n'était pas son but. Il se contenta de lui présenter pour la toute dernière fois ce manteau qui lui était destiné en le lui plaquant subtilement tout contre son torse dénudé. Les mots semblant bien vains, Mc Gregor se terra dans le silence. Il lui avait d'hors et déjà fait part de son offre qui pour le moment restait d'actualité, à lui maintenant de la considérer (ou non)...Quoi qu'il advienne, dorénavant, il était sien et pénétrerait ces lieux que cotoyait le vampire dès les permières lueurs de l'aube.

Son jeune esclave conssentit enfin à se vêtir et donc a être enclin à l'acceptation de son offre, du moins, selon les apparences. Il s'habilla d'ailleurs sans exprimer la moindre requête avec un semblant de soumission observable grâce à cette soudaine envolée de son esprit révolté. S'il s'était à nouveau montré récalcitrant, Blake aurait eu pour obligation de l'affaiblir d'une manière qui lui serait des plus désagréables puis de le traîner telle une dépouille dans l'insalubrité des pavés jusqu'à son humble demeure. Le mortel avait par conséquent tout intérêt à se montrer coopératif. Le vampire n'avait pas pour habitude de se crever à la tâche et n'avait nullement l'intention de la prendre. S'il se confrontait malgré lui à un quelconque obstacle, il le déviait en empruntant le doux chemin de la facilité. Il ne se voyeait pas le prendre par la main et le tirer avec violence jusqu'à ses quartiers pendant que celui ci se ruinait les cordes vocales. Un seul pas qui serait pour lui déplaire et il n'hésiterait pas à prendre les mesures nécessaires avant de lui infliger une douloureuse sanction disciplinaire. Le caïnite appréciait cette délectable eau de vie qui maintenait le mortel en vie et la dégustait avec contentement, l'en dépourvoir lui serait profitable bien qu'il ne ressentait aucunement l'envie de se quereller dans les bas fonds répugnants de sa ville natale.

Seulement, la créature de la nuit déchanta vite. En constante connection avec l'esprit de son hôte, il put se rendre compte que les choses n'étaient finalement pas ce qu'elles semblaient être. Le vampire se tint prêt à lui présenter cette oeuvre fabuleuse que détenait chaque propriétaire pour leurs propriétés : "manuel du bon esclave", leçon numéro un. Ce pauvre garçon lui paraissait bien stupide, il intervertissait leurs rôles respectifs. Son regard devînt encore plus cruel que la cruauté même puis il contourna son acquisition afin de se positionner derrière elle. D'un geste vif, il lui saisit le bras gauche puis le lui plaqua tout contre son dos en le surlevant légèrement de façon à ce qu'il ne puisse pas se démener. Il approcha ses lèvres du creux de son oreille puis lui dit d'une hostilité cristalline :

- Tu fais preuve d'une telle ignorance...Laisse moi t'apprendre quelque chose...

Blake lui redonna la mobilité de son bras puis se hâta d'enlaçer le haut de son torse afin de l'immobiliser à l'aide de son bras gauche avant de lui infliger une griffure au cou assez pronfonde pour laisser libre passage à ce liquide rougeâtre nécessaire à sa survie. Il pressa ensuite son corps tout contre le sien pour qu'il puisse ressentir cette insurmontable domination qu'il avait le pouvoir d'exercer sur lui. Blake était détenteur d'une autorité absolue et tenait à lui affirmer qu'il avait les moyens de faire de lui ce que bon lui semblait. C'est dans le but d'argumenter cette thèse qu'il poussa le vice encore plus loin. Le manteau de sa frêle victime étant déboutonné, il déposa sa main sur ses côtes puis la laissa subtilement glisser jusqu'au bas du ventre où il lui façonna une nouvelle éraflure. La créature porteuse d'immortalité remonta ensuite sa main jusqu'à son épaule avec cette même délicatesse et entreprit de fermer ses doigts pour s'assurer de son immobilité. Il posa ses lèvres sur le cou de son esclave afin d'y licher ce met délicieux qui s'échappait de son infime coupure pui vînt à nouveau lui parler au creu de l'oreille avec suprématie :

- C'est toi qui est censé me divertir.

Ce jeune irréfléchi pouvait remercier sa bonne étoile, Blake ne s'était pas résolu à sortir les crocs bien que cette exquise tentation mit ses nerfs à vif. Il aurait grandement apprécié perçer sa chair et se délecter de son sang jusqu'à assouvissement mais il le destinait à un futur plus ambitieux que celui de simple résidu. Il lui rendit donc sa liberté non sans une once de violence tout en lui disant en repensant à ce "mieux foutu" qu'il avait pu percevoir lors de sa lecture d'esprit :

- Tu en as de la veine...je suis friand de compliments.

Ces quelques mots laissaient supposer que sans cette flatterie son heure serait d'hors et déjà venue. En réalité, allez savoir ce qu'il serait advenu de lui s'il l'avait dénigré avec virulence...Mc Gregor avait beau avoir pas mal débourser, il l'aurait bien volontiers achevé s'il avait fait preuve d'animosité. Le vampire était un tantinet narcissique...

De nouveau face à face, le caïnite posa son regard sur le torse dénudé de sa jeune propriété puis se concentra un tantinet dans le but de lui offrir une petite démonstration de ses talents cachés : la télékinésie. Sans même que personne n'y touche, les boutons de sa veste fraîchement offerte se fermèrent un à un jusqu'au dernier. Son esclave maintenant paré à le suivre, il l'informa :

- Je me nomme Blake Mc Gegor et tu auras le privilège de te voir offrir toute mon attention, ce qui ne présage certainement rien de bon.

Effectivement, Blake ne possédait pas d'autres mortels. Qui plus est, celui ci s'avérait être sa toute première acquisition. Et oui, le vampire considérait les défis...mais pas les causes désespérées, c'est pour cette raison qu'il tint à lui exposer clairement les choses :

- Que les choses soient claires. Soit tu en finis avec ta crise d'adolescence dans les plus brefs délais, soit je serais celui qui tiendra la lame lors de ton exécution.

" T'es pathétique " Mais qui était-il donc pour tenir de pareils propos ? Cet insolant venait de gagner la palme d'or du meilleur petit merdeux, la tête à claques par excellence ! Le sang de Mc Gregor était maintenant bouillonant et le seul moyen qu'il pu trouver pour baisser sa température était ni plus ni moins la donnation d'une bonne leçon. Cet esclave ne savait pas reconnaître la bonté de son maître qui venait de lui offrir un peu de sursis. Blake était un caïnite apparenté à la nouvelle génération et ne contrôlait donc pas ses besoins nutritifs avec maîtrise. D'ordinnaire l'odeur du sang le métamorphosait en bête impulsive dont le seul but était l'assouvissement de sa faim. En cet instant, cet adolescent était loin d'imaginer à quel point la chance lui souriait. Seulement, il était également à mille lieux de ce qui allait lui arriver : le vampire comptait bien chasser sa bonne étoile. Ce gamin commençait à le lasser sérieusement et Blake n'était pas de ceux qui associaient le quotidien avec un "péniblement". Il entreprenait de lui faire payer ses absurdités lorsqu'une présence peu souhaitée vînt à le déranger. L'odeur de la vampiresse encombrait les lieux avec infamie. Le prédateur rôdait et la proie s'affaiblissait...

Prévoyant cette approche, son esclave s'adonna de nouveau à un jeu purement puéril censé lui conférer un air plus malin que son interlocuteur. Pauvre petit garçon candide...Il le ferait presque pleurer de rires tellement il se faisait le protagoniste d'une prise terriblement grotesque. Pire que ces idtioties mises en scène par molière au temps des grands monarques français, c'était pour vous dire...Blake lui aurait presque donné le biberon s'il avait eu l'instinct paternel...Le voilà qui défiait une énième fois la mort en la provoquant directement. C'est alors qu'il se prêtait à son petit numéro funambulesque que l'aura de cette vampiresse devînt une silouhette qui laissait peu à peu place à l'individue. Une grande dame à la longue coiffure frisotée venait de faire une entrée plus fausse que la fausseté. Blake connaissait à merveille le monde dans lequel il évoluait et savait pertinemment que quoi qu'il advienne, quelque que soit le camps choisi, un vampire resterait vampire et donc nécéssiteux. Ceux de son espèce ne pouvaient subsister sans cette eau de vie qui coulait dans les veines du mortel et celle ci, malgré toute sa bonne volonté, ne ferait pas exception. Pour Blake, elle se hâtait de parfaire ce plan qui lui permettrait de se saisir de son esclave mais il resterait intouchable. Que cette fripouille aille voir ailleurs si elle tenait un tant soit peu à son visage immaculé et angélique. Sorcière camouflée !

Alors qu'elle les embarassait de sa voix qui ne sonnait guère bien, Blake se dressa devant son esclave en espérant que le message "hors d'atteinte" lui parvienne le plus clairement possible. Il pénétra son regard d'un oeil avisé et déterminé puis répliqua avec supériorité :

- Tu espères mal vampiresse, ta présence m'est point recommandée et j'apprécierais que tu ne m'en encombres plus.

Mc Gregor avait beau s'exprimer avec une certaine aisance résultante de son éducation, il n'en mâchait pas moins ses mots. Certes ils étaient quelque peu soutenus mais ne volaient pas pour autant plus haut que de vulgaires insultes. Un simple "dégage" aurait certainement pu faire l'affaire mais le caïnite n'appréciait guère la simplicité, il lui fallait toujours se faire plus originale qu'autrui dans le but premier de se distinguer.

Cette vampiresse était sensiblement très douée dans son domaine, à savoir, celui de la comédie. Seulement, Mc Gregor n'était pas dupe et percevait sans la moindre difficulté cette perfidité dont elle s'éfforçait de faire preuve. Les créatures de la nuit avaient la chance d'être dotées d'un don avantageux qu'ils utilisaient sans modération et à bon escient : la télépathie. Cette immortelle pouvait user de son language malignement, ses intentions seraient de toute façon bien vaines; le caïnite ne pouvait pas décrire les plans de l'inconnue mais ressentait cette aura malfaisante qu'elle dégageait. La traitresse ne lui accordait pas le privilège de la vérité, il ne lui accorderait donc pas celui du savoir vivre. Blake était persuadé qu'il n'avait rien à craindre, cette femme ne lui paraissait pas bien dangeureuse mais pour le bien être de sa récente acquisition ainsi que pour celui de sa patience, il se devait de la chasser. Le vampire n'appréciait guère d'être dérangé...

- Tu crois aussi mal que tu espères. Tes analyses pshychologique sont pitoyables, tu devrais donc t'en tenir là. Tu ne m'aspires aucune crainte, tu me fais juste perdre mon temps, aussi dérisoire soit-il.

Sur ce, Blake, tel un requin, se mit à faire le tour de sa vicitme tout en la contemplant sous toutes ses formes. Son regard la balayait de haut en bas puis de bas en haut avec un brin de supériorité qu'elle pouvait facilement interpréter par un "quel misérable ver innofensif". Croyait-elle pouvoir le terrifier avec cette dégaine tout en délicatesse ? Et bien, cette soirée était décidemment propice aux comédies, c'était malgré tout quelque peu jouissif...

- Et même si l'on pouvait prendre en considération un brin de méfiance, ce qui n'est pas le cas, j'aurais tendance à te dire qu'elle est mère de sûreté. Mieux vaut prévenir que guérir et il serait peut-être préférable pour ton bien être de suivre ces quelques proverbes...

Il marqua une pause fugitive puis se rapprocha un tantinet de l'inconnue :

- Ton court instant vient de s'écouler vampiresse.

Pensant s'être débarassé de cette sangsue importune, il lui tourna le dos puis dirigea l'oeil vers son esclave d'une attitude déterminée. Celui ci s'était assis sur une caisse de bois et mirrait le spectacle d'un air désintéressé, ce qui ne serait sûrement plus le cas si cette caïnite décidait de s'y attaquer. Chose que, bien sûr, Blake ne laisserait pas faire, c'est pourquoi il avait dans l'idée de récupérer son jeune ôte et de rejoindre ses quartiers sans prêter plus d'attention à sa congénère :

- L'aube sera là d'ici peu, presse toi, mes appartements sont à des rues d'ici.